« Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n’épouseras pas ma sœur de mon vivant. »

« Cunégonde ne savait pas qu’elle était enlaidie, personne ne l’en avait avertie : elle fit souvenir Candide de ses promesses avec un ton si absolu que le bon Candide n’osa pas la refuser. Il signifia donc au baron qu’il allait se marier avec sa sœur. "Je ne souffrirai jamais, dit le baron, une telle bassesse de sa part et une telle insolence de la vôtre ; cette infamie ne me sera jamais reprochée : les enfants de ma sœur ne pourraient entrer dans les chapitres d’Allemagne. Non, jamais ma sœur n’épousera qu’un baron de l’empire." Cunégonde se jeta à ses pieds et les baigna de larmes ; il fut inflexible. "Maître fou, lui dit Candide, je t’ai réchappé des galères, j’ai payé ta rançon, j’ai payé celle de ta sœur ; elle lavait ici des écuelles, elle est laide, j’ai la bonté d’en faire ma femme, et tu prétends encore t’y opposer ! Je te retuerais si j’en croyais ma colère. — Tu peux me tuer encore, dit le baron, mais tu n’épouseras pas ma sœur de mon vivant." »
(Candide, chap. 29)
Mots-clés
Bibliothèque nationale de France
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Date
1803
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Auteur(es)
Jean-Michel Moreau dit Moreau le Jeune (1741-1814), dessinateur ; A. de Saint-Aubin, dessinateur ; Voltaire (1694-1778), auteur
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Description technique
Dessin exécuté à la plume et lavé à la sépia
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Provenance
BnF, département des Manuscrits, Rothschild 230
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Lien permanent
ark:/12148/mm132200815v