Découvrir, comprendre, créer, partager

Article

Qui est Honoré Daumier ?

Honoré Daumier (1808-1879)
Honoré Daumier (1808-1879)

© Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Tout autant acteur que témoin, Daumier a mis le 19e siècle en images. À l’aide de son crayon à lithographier, il a croqué la société et fait trembler empereurs, rois et présidents. Quelques éléments de biographie…

Daumier a vécu sous six régimes politiques différents : l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second Empire et la Troisième République. Il a aussi connu trois épisodes révolutionnaires : les trois Glorieuses, les journées insurrectionnelles de 1848 et la Commune de Paris. Malgré cela, sa vie est presque sans histoire : pas de péripéties romanesques ni de voyages lointains.

Un caricaturiste sous la Monarchie de Juillet

Fils d’un vitrier marseillais faisant profession à la fois d’encadreur, de réparateur de tableaux, et de dessinateur, Daumier suit son père à Paris en 1814, alors qu’il n’a que six ans. Jean-Baptiste Louis Daumier a en vue d’embrasser une carrière littéraire, mais il abandonne en 1823.

Honoré travaille d’abord comme commis avant de suivre des cours de dessin auprès du peintre Alexandre Lenoir et de travailler chez un lithographe et éditeur. En 1829, il collabore à La Silhouette, premier hebdomadaire satirique illustré en France, créé par Charles Philippon et publie ses premières caricatures de Louis-Philippe sous le nom de Rogelin.

Louis-Philippe en Gargantua
Louis-Philippe en Gargantua |

© Bibliothèque nationale de France

Gargantua, lithographie en noir et blanc est publiée dans la Caricature, n° 61, du 29 décembre 1831 et exposée dans la vitrine du journal – du moins jusqu’à ce que la justice ne vienne saisir tous les exemplaires et briser la pierre lithographique. L’œuvre lui vaudra une condamnation à six mois de prison et à une amende de 500 F « pour excitation à la haine et au mépris du gouvernement ». Cela ne ralentit pas le jeune homme : en 1832, les bustes-charges figurant les principaux représentants de la droite sont exposés dans la vitrine du journal Le Charivari de Philippon.

Daumier fait aussi paraître ses charges politiques, notamment le Ventre législatif et Rue Transnonain dans l’Association lithographique mensuelle, supplément à la Caricature qui disparaîtra en 1835. À cette date, en effet, paraît une loi qui restreint vigoureusement la liberté de la presse.

Daumier dirige alors son crayon contre les mœurs de son temps et réalise notamment la série des Cent et Un Robert Macaire. En 1843, il publie quatre gravures dans l’édition Furne des œuvres de Balzac. Sa représentation du père Goriot sera reprise pour le frontispice de La Comédie humaine. Deux ans plus tard, il compose la série les Gens de justice, où il croque notamment le théâtre des avocats.

Peintre et sculpteur

La République
La République |

© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

En 1848, alors que s’installe la Seconde République, la carrière de Daumier prend un nouveau cours et se dirige vers la peinture. Fervent républicain, sa toile La République nourrissant ses enfants et les instruisant est retenue parmi les vingt finalistes d’un concours de peinture. Des commandes officielles s’ensuivent et il participe au Salon avec Le Meunier, son fils et l’âne.

Mais rapidement, après des premiers mois utopiques, le climat politique et social se dégrade. En 1851, Daumier crée la statue de Ratapoil, personnage préfigurant le coup d’Etat de Louis-Napoléon en décembre de la même année.

Le renversement de la République et la mise en place du Second Empire n’entravent pourtant pas ses pinceaux. En 1853, il se lie d’amitié avec les peintres de Barbizon, Camille Corot, Jean-François Millet et Théodore Rousseau. Son style évolue, préfigurant parfois les impressionnistes.

Une fin de carrière difficile

Le Ventre législatif. Aspects des bancs ministériels de la chambre improstituée de 1834
Le Ventre législatif. Aspects des bancs ministériels de la chambre improstituée de 1834 |

© Bibliothèque nationale de France

Cette activité de peintre et de sculpteur ne l’empêche pas de continuer à publier de nombreuses lithographies dans les journaux. Cependant, en 1860, renvoyé du Charivari, il connaît un moment de sérieuse difficulté. Bien qu’il se consacre à la peinture et à la sculpture, il n’arrive pas à en vivre.

Ayant réintégré Le Charivari le 18 décembre 1963, il s’installe à Valmondois deux ans plus tard et s’inspire de Don Quichotte dans ses tableaux. Mais sa vue commence à baisser à partir de 1867. Il connaît des difficultés financières. Corot achète sa maison et la lui prête à vie.

En 1871, il publie des lithographies particulièrement sombres sur la guerre de 1870 et s’oppose à la proposition de Courbet d’abattre la colonne Vendôme. Ses dernières lithographies paraissent dans Le Charivari en 1872. En avril 1878, une rétrospective de ses œuvres, organisée par la galerie Durand-Ruel et présidée par Victor Hugo, connaît un succès critique mais pas public. Complètement aveugle, Daumier n’y assiste pas. Il meurt l’année suivante.

Provenance

Cet article a été publié à l’occasion de l’exposition « Daumier. L'écriture du lithographe » présentée à la Bibliothèque nationale de France en 2008.

Lien permanent

ark:/12148/mmxd7h25g1t8