Découvrir, comprendre, créer, partager

Article

Les journaux de Philippon


Lecteurs du Charivari
Lecteurs du Charivari

© Bibliothèque nationale de France

Le format de l'image est incompatible
Directeur de La Caricature puis du Charivari, Charles Philippon a été l'un des principaux employeurs de Daumier, formant avec le caricaturiste un véritable couple engagé dans la satire.

Charles Philippon (1800 -1862) est un dessinateur, lithographe, journaliste, directeur de journaux.  Il s’associe avec le dessinateur Grandville à la création du journal La Silhouette (1829) dans lequel il sera rédacteur et dessinateur. La même année, il crée avec son gendre Gabriel Aubert la maison d'édition Aubert, une boutique d'estampes située à Paris Passage Véro-Dodat et qui aura bientôt le quasi-monopole du marché de la caricature. Il créera ensuite les journaux  La Caricature (1830) et le Charivari (1832).

Portrait de Charles Philipon
Portrait de Charles Philipon |

© Bibliothèque nationale de France

La Métamorphose du roi Louis-Philippe en poire
La Métamorphose du roi Louis-Philippe en poire |

Bibliothèque nationale de France

À l’occasion d’un des nombreux procès que lui occasionne sa campagne contre Louis-Philippe, il démontre que « tout peut ressembler au roi » et exécute la célèbre métamorphose du roi en poire qui va connaître un grand succès :
« Ce que j'avais prévu arriva. Le peuple saisi par une image moqueuse, une image simple de conception et très simple de forme, se mit à imiter cette image partout où il trouva le moyen de charbonner, barbouiller, de gratter une poire. Les poires couvrirent bientôt toutes les murailles de Paris et se répandirent sur tous les pans de murs de France. »1

Les poires couvrirent bientôt toutes les murailles de Paris et se répandirent sur tous les pans de murs de France.

Charles Philippon, Lettres du 7 juillet 1846 à Roslje, Carteret

Philippon  est également à l’origine de : Le Musée pour le rire, le Musée Philippon, Paris-Comique, Le Journal pour rire.

La Silhouette

La Silhouette, sous titré album lithographique : Beaux-arts, dessins, mœurs, théâtres, caricatures parut à Paris du 24 décembre 1829 au 2 janvier 1831. Un volume sous-titré Journal des caricatures était constitué tous les trois mois.

La Silhouette, Journal des caricatures, Beaux-Arts, Dessins, Moeurs, Théâtres, etc.
La Silhouette, Journal des caricatures, Beaux-Arts, Dessins, Moeurs, Théâtres, etc. |

Bibliothèque nationale de France

Des personnages comme Emile de Girardin  ou Charles Philipon, des auteurs comme Honoré de Balzac et Henri Monnier participent à sa création. Monnier, Grandville et Daumier l’illustrent.
L’originalité de ce journal réside dans l’importance accordée aux lithographies. Balzac souligne dans un article la puissance de la caricature. Le premier avril 1830 paraît une gravure sur bois non signée, représentant Charles X en jésuite et due à Philipon. Le numéro est saisi et la justice condamne le responsable du journal, à six mois de prison et 1 000 francs d'amende pour « délit d'outrage à la personne du roi ».

Ce journal connut une brève existence mais ce fut l’archétype des journaux de caricatures du 19e siècle.

La Caricature

La Caricature est un hebdomadaire satirique illustré français créé par Philippon le 4 novembre 1830 sous le titre La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique. Associé, Balzac rédigea le prospectus de lancement et contribua au journal. L’hebdomadaire mena un combat contre le pouvoir de Louis Philippe, d’où ses démêlés avec la justice.

La Caricature, Journal fondé et dirigé par Charles Philipon.
La Caricature, Journal fondé et dirigé par Charles Philipon. |

Bibliothèque nationale de France

Pour assurer la survie du journal, Philippon publie des lithographies sous la forme de feuilles volantes : les souscripteurs de l'Association mensuelle lithographique recevaient chaque mois (d’août 1832 à 1834) une lithographie.
En butte aux interdictions de la censure royale et autres procès intentés par le pouvoir, Philipon fonda pour assurer la survie de son journal et financer les différents frais l’Association pour la liberté de la presse. Elle parut sous le nom de La Lithographie mensuelle.

La Caricature cessa provisoirement de paraître suite à la promulgation des lois de septembre 1835, reparut en 1838 sous le titre La Caricature provisoire, puis changea encore de nom. La satire politique fut remplacée  par les études de moeurs et la satire sociale. Le journal fut absorbé en 1843 par le Charivari.
Daumier, Monnier, Grandville, Traviès contribuèrent au succès de ce journal satirique engagé.

« C'est véritablement une œuvre curieuse à contempler aujourd'hui que cette vaste série de bouffonneries historiques qu'on appelait la Caricature, grandes archives comiques, où tous les artistes de quelque valeur apportèrent leur contingent. C'est un tohu-bohu, un capharnaüm, une prodigieuse comédie satanique, tantôt bouffonne, tantôt sanglante, où défilent, affublées de costumes variés et grotesques, toutes les honorabilités politiques. Parmi tous ces grands hommes de la monarchie naissante, que de noms déjà oubliés ! Cette fantastique épopée est dominée, couronnée par la pyramidale et olympienne Poire de processive mémoire. »2

Le Charivari

Le Charivari est un journal illustré satirique français fondé par Philippon et publié de 1832 à 1937. Journal d’opposition, il eut à subir vingt procès sous le règne de Louis-Philippe.

Le Charivari
Le Charivari |

Bibliothèque nationale de France

Très populaire, il inspira les fondateurs du célèbre le journal anglais  Punch, sous-titré The London Charivari.
À nouveau populaire sous le Second Empire, le Charivari se concentra sur les mœurs, les arts, la littérature et le théâtre plutôt que sur la politique avant de retrouver son opposition républicaine et ses convictions anticléricales.
Les lithographies, étaient imprimées sur la troisième des quatre pages du journal (in-octavo dont le texte était imprimé sur trois colonnes).
Cham, Daumier, Gavarni, Grandville, Nadar, Doré, Gill contribuèrent au succès de ce journal qui survécut jusqu’en 1937.

Notes

  1. Lettres du 7 juillet 1846 à Roslje, Carteret, Le Trésor du bibliophile romantique et moderne, t.III, p.124
  2. Baudelaire, Curiosités esthétiques «VII. Quelques caricaturistes français» (1868).

Provenance

Cet article a été publié à l’occasion de l’exposition « Daumier. L'écriture du lithographe » présentée à la Bibliothèque nationale de France en 2008.

Lien permanent

ark:/12148/mm90gd5wr1dtq