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Extrait

Le champ d'une âpre lutte

Émile Zola,Pot-bouille, 1882.
Dans ce premier chapitre du roman d'Émile Zola, Pot-Bouille, un jeune provincial, Octave Mouret découvre Paris après son arrivée gare de Lyon.

Rue Neuve-Saint-Augustin, un embarras de voitures arrêta le fiacre chargé de trois malles, qui amenait Octave Mouret à la gare de Lyon. Le jeune homme baissa la glace d'une portière, malgré le froid vif de cette sombre après-midi de novembre. Il restait surpris de la brusque tombée du jour, dans ce quartier aux rue étranglées, toutes grouillantes de foule. Les jurons des cochers tapant sur les chevaux qui s'ébrouaient, les coudoiements sans fin des trottoirs, la file pressée des boutiques débordantes de commis et de clients, l'étourdissaient ; car, s'il avait rêvé de Paris plus propre, il ne l'espérait pas d'un commerce aussi âpre, il le sentait publiquement ouvert aux appétits des gaillards solides.
Le cocher s'était penché.
 C'est bien passage Choiseul.
 Mais non, rue de Choiseul... Une maison neuve, je crois.

Émile Zola,Pot-bouille : Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1883.