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Extrait

Un panorama des petits métiers parisiens

Émile Zola, L'Assommoir, 1877
Dans ce chapitre de L'Assommoir, Émile Zola décrit le quartier populaire et animé de la Goutte-d'Or en évoquant la variété des métiers qu'on peut y trouver.

La rue, sans trottoir, le pavé défoncé, montait. En haut de la rue de la Goutte-d'Or, il y avait des boutiques sombres aux carreaux sales, des cordonniers, des tonneliers, une épicerie borgne, un marchand de vin en faillite, dont les volets fermés depuis des semaines se couvraient d'affiches. À l'autre bout, vers Paris, des maisons à quatre étages barraient le ciel, occupées à leur rez-de-chaussée par les blanchisseuses, les unes près des autres, en tas ; seule, une devanture de perruquier de petite ville, peinte en vert, toute pleine de flacons aux couleurs tendres, égayait ce coin d'ombre vif d'éclair de ses plats de cuivre, tenus très propres. Mais la gaieté de la rue se trouvait au milieu, à l'endroit des constructions, en devenant plus rares et plus basses, laissaient descendre l'air et le soleil. Les hangars du loueur de voitures, l'établissement voisin où l'on fabriquait de l'eau de Seltz, le lavoir, en face, élargissaient un vaste espace libre, silencieux, dans lequel les voix étouffées des laveuses et l'haleine régulière de la machine à vapeur semblaient grandir encore le recueillement.

Émile Zola, L'Assommoir : Paris, Charpentier, 1877.