Le guitar hero

© Bill Graham Archives
Hendrix live at the Fillmore East
Jimi Hendrix est LA figure du guitar hero, qui va faire de la guitare électrique l'emblème d'une génération, l'emblème d'une révolution : révolution musicale - le rock -, mais aussi révolution sexuelle, où la guitare est soit la maîtresse, tantôt cajolée, tantôt violentée, soit le phallus procréateur. Plus que tout autre, au-delà de son génie musical, Jimi Hendrix et sa Fender Stratocaster incarneront ce couple à la sensualité exacerbée jusqu'à la fusion (Jimi Hendrix brûlant sa guitare sur la scène du Monterey Pop Festival en 1967).
Paru en 1999, Hendrix live at the Fillmore East est constitué des bandes restées inédites de l'album Band of gypsys paru en avril 1970. Jimi Hendrix y est accompagné par Billy Cox à la basse et Buddy Miles à la batterie.
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Depuis Orphée, qui charmait les bêtes sauvages et a rendu le dieu des Enfers sensible à ses plaintes – Orfeo che trasse al suo cantar le fere, e servo fe’ l’Inferno a sue preghiere (« Orphée qui dompte par son chant les fauves, et qui vainquit l’enfer par ses prières ») –, le musicien comme le poète ont pu être perçus sur le mode héroïque : dans les airs de fureur de Roland ou d’autres chevaliers à l’époque baroque, dans l’inspiration voire l’emportement d’un Beethoven, dans la glorieuse démesure de la Symphonie des Mille de Gustav Mahler, dans l’opéra wagnérien (et jusqu’à son exploitation dans la propagande nazie).
À une époque plus contemporaine, les rock stars sont célébrées dans leur recherche – parfois avec l’héroïne comme compagne – d’une musique au sens premier « inouïe » : Jim Morrison (The Doors), Jimi Hendrix, John Lennon, Janis Joplin, Bob Marley, Kurt Cobain (Nirvana). Le culte cependant se concentre sur le guitariste. Le titre de guitar hero est attribué par les fans aux guitaristes hors normes que furent d’abord Jeff Beck, Eric Clapton et Jimi Hendrix. L’engagement physique d’Hendrix dans ses concerts, son jeu inventif, inspiré, spectaculaire, sa violence sonore et scénique marquent profondément ses contemporains.

Guitare électrique : Fender® Classic series 70's, Stratocaster®
La fabrication industrielle de guitares répliques plus ou moins proches d'instruments légendaires permet aux adolescents de s'identifier à leur guitar hero préféré. La guitare est en effet le seul instrument qui puisse conférer ce statut à un musicien. De la lyre d'Orphée à la Stratocaster® de Jimi Hendrix en passant par la basse de Jaco Pastorius, c'est l'instrument plus que le son qui adoube le héros. Substitut de l'épée, la guitare est toutefois une arme de guerre (Machine Gun) inversée puisque la crosse est à l'extérieur, au bout du manche et que le corps (solid body) fusionne avec celui de l'instrumentiste. À l'aide de multiples effets qu'il manipule tel un sorcier bruitiste, Hendrix explore des continents sonores insoupçonnés. Ses performances scéniques sont autant de prouesses héroïques.
Lors du concert de Woodstock en 1969, il utilise la mythique guitare Fender Stratocaster® blanche pour donner une version personnelle de l'hymne des États-Unis sur fond de bombardements d'une Amérique enlisée dans la guerre du Viêt-nam. Des enfers au ciel qu'il « s'excuse d'embrasser », Jimi Hendrix a entrepris un voyage tragique sur les pas d'Orphée. Le lyrisme élégiaque est aussi celui du blues quand le Voodoo Child clame sa douleur. En scrutant la nuit étoilée, ses fidèles distingueront sa guitare dans la constellation de la Lyre.
© 2007 FMIC Tous droits réservés
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L’architecte Frank Gehry a construit en 2000, à Seattle, ville de naissance du musicien, un bâtiment dédié à la musique rock, « Experience Music Project », quasiment un temple consacré à Hendrix, placé sous le signe de son album Are you experienced ? (1969). Quant aux guitares Fender® mythiques des guitar heroes, elles sont rééditées en série limitée : « Signature » ou « Relic ».