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L’art au Moyen Âge

Scène de dédicace au roi Charles VI
Scène de dédicace au roi Charles VI

© Bibliothèque nationale de France

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L’enluminure est l’une des formes les plus caractéristiques de l’art médiéval, mais il en existe bien d’autres. Le terme d’« art » possède d’ailleurs un sens différent de celui que nous lui donnons aujourd’hui. En effet, il n’y a pas, durant le Moyen Âge, de distinction entre l’artiste et l’artisan.

Le travail artistique

Des œuvres de commande

Une bonne partie de la production artistique du Moyen Âge est constituée d'œuvres de commande : commandes privées émanant de rois, princes, seigneurs, riches bourgeois ou ecclésiastiques, commandes collectives émanant essentiellement de l'Église ou des confréries. Ces dernières ont, durant des siècles, fourni du travail aux architectes, sculpteurs, orfèvres ou verriers engagés dans la construction d'église ou de cathédrales et dans la fabrication des objets du culte.

Louis IX et Jeanne de Bourgogne commandent le livre
Louis IX et Jeanne de Bourgogne commandent le livre |

© Bibliothèque nationale de France

Du fait de ce rapport économique le plus souvent formalisé par un contrat, l'artiste doit tenir compte des exigences du commanditaire, de ses désirs autant que de ses possibilités financières. De plus, donateurs ou commanditaires laissent souvent leur marque sur l'œuvre dont ils sont fiers d'avoir rendu possible l'exécution. C'est ainsi que sur les façades des églises figure souvent le nom des commanditaires aux côtés de celui des artistes. De même, les manuscrits enluminés portent, à partir du 10e siècle, le nom de leur commanditaire.

Des maîtres d'ouvrage

Un autre aspect du travail de l'artiste est la nécessité de se procurer lui-même les matières premières. Ainsi certains artistes doivent-il organiser, avant le travail en atelier, un véritable chantier pour extraire la pierre des carrières ou les métaux de la mine. Les architectes étaient, à l'époque, des maîtres d'ouvrage tout autant que des concepteurs.

Charles V protecteur des lettres
Charles V protecteur des lettres |

© Bibliothèque nationale de France

L'apprentissage du métier se fait souvent en famille. À partir du 13e et surtout du 14e siècle, des corporations se forment réunissant tous les membres d'un même métier : maîtres, apprentis, salariés. L'artiste du Moyen Âge ne se définit donc pas par son statut puisqu'il peut être aussi bien maître d'un atelier que salarié. Il est, avant tout, un professionnel qui maîtrise une technique.

L'artiste de cour

Ce n'est qu'à la fin du Moyen Âge qu'apparaît un autre genre d'artiste : l'artiste de cour. Le plus souvent poète, musicien ou enlumineur, il est au service exclusif d'un roi et de sa cour. Il jouit d'une plus grande sécurité que l'artiste indépendant, dont il ne connaît pas les difficultés économiques.

La production

Pendant des siècles, et notamment tout au long du Moyen Âge, la production artistique a été profondément marquée par le christianisme.

L'Antiquité tardive (3e-5e siècles)

À cette époque sont surtout fabriqués des objets funéraires – sarcophages au décor représentant des thèmes de la foi – et des lieux de culte. Parmi ceux-ci figurent les fameuses basiliques, notamment romaines, ornées de mosaïques : Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Sabine, Sainte-Marie-Majeure.

Le Haut Moyen Âge (5e-9e siècles)

Calice prémérovingien
Calice prémérovingien |

© Bibliothèque nationale de France

C'est l'époque des grandes invasions barbares dont on retrouve l'influence sur la production artistique, peu abondante. Les Saxons et les Vikings excellaient dans le travail des émaux, de l'or et des métaux, notamment du bronze, avec lesquels ils fabriquaient armes et bijoux.

L'influence anglo-celtique, aux entrelacs caractéristiques et aux décors d'animaux, se retrouve sur les sculptures de pierre, notamment les croix, et sur les enluminures. Le Haut Moyen Âge marque d'ailleurs les débuts de l'enluminure irlandaise et italienne.

L'époque carolingienne (9e-10e siècles)

Le fantassin
Le fantassin |

© Bibliothèque nationale de France

Le rayonnement de l'Empire de Charlemagne entraîne un regain d'activités artistiques, après l'appauvrissement de la période précédente. L'architecture connaît une très grande activité : cloîtres, chapelles et cathédrales (notamment celles de Reims, de Noyon, de Cambrai) sont édifiés d'un bout à l'autre de l'Empire.

La production de livres enluminés, rehaussés de reliures de grande qualité, s'accroît avec le développement de l'écriture.

L'orfèvrerie, la sculpture sur bronze et surtout la sculpture sur ivoire fournissent une abondante production d'objets profanes ou religieux : croix, bijoux, autels, statuettes, coffrets, reliures.

L'art roman (11e-12e siècles)

Trône dit « de Dagobert »
Trône dit « de Dagobert » |

Bibliothèque nationale de France

Toute la production artistique de cette époque tend à inciter les fidèles à vivre, au quotidien, selon les principes de l'Évangile. Ceux-ci doivent donc être largement diffusés.

La construction d'églises se multiplie. Les églises romanes, accueillantes, sont caractérisées par leurs voûtes en pierre et leurs arcs en plein cintre (en demi-cercle), par un chevet (extrémité extérieure de l'église) à déambulatoire (galerie en demi-cercle permettant aux fidèles de circuler), par des ouvertures en forme d'arcs offrant des jeux d'ombre et de lumière.

La sculpture monumentale apparaît : les chapiteaux (partie élargie au sommet d'une colonne) des églises sont largement décorés, notamment d'animaux et de personnages le plus souvent bibliques, les portails sont sculptés.

L'art du vitrail, représentant des scènes de la Bible, et la peinture murale d'inspiration paléo-chrétienne font leur apparition.

Les objets liturgiques (reliquaires, calices, encensoirs) brillent de tout leur or tandis que le marbre, la pierre ou le bois sont utilisés pour fabriquer le mobilier d'église.

L'art gothique (13e-15e siècles)

 Notre Dame de Paris
 Notre Dame de Paris |

© Bibliothèque nationale de France

Avec l'essor des universités et la diffusion des connaissances, notamment par le biais des encyclopédies, on assiste à un renouveau intellectuel et culturel qui s'exprime également sur le plan artistique. De nouvelles formes architecturales apparaissent dont l'Abbaye royale de Saint-Denis en est la plus célèbre représentation. L'arc brisé remplace l'arc en demi-cercle. La croisée d'ogives (partie de la voûte où se croisent deux arcs brisés) et l'arc-boutant (maçonnerie en forme d'arc soutenant une voûte de l'extérieur) sont les techniques caractéristiques de l'architecture gothique. Elles permettent d'élever les voûtes des cathédrales à des hauteurs jamais atteintes. Le portail à statues-colonnes apparaît.

Le vitrail, dont les couleurs influencent les enluminures de cette époque, devient un art majeur. La peinture sur bois et la fresque, d'inspiration religieuse, se développent surtout en Italie, avec des artistes comme Giotto, peintre des fresques de la Basilique Saint-François d'Assise, et Cimabue.

À la fin du Moyen Âge, l'art gothique se fait flamboyant : des décors de flamme viendront s'ajouter à la grande richesse des décors.

Provenance

Cet article provient du site Le livre de chasse de Gaston Phebus.­­

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