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Un chemin de perdition

L’Ensorcelée
Un chemin de perdition
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Illustration de Félix Buhot pour L’Ensorcelée de Barbey d’Aurevilly : un chemin de perdition.

L’Ensorcelée est d’abord publié en feuilletons dans L’Assemblée nationale en 1852, puis édité en volume deux ans plus tard. L'histoire se déroule en Normandie, région natale de Barbey d’Aurevilly, berceau des Chouans, ces royalistes farouchement opposés à la Révolution française. Jeanne Le Hardouey, jeune aristocrate mariée à un bourgeois, est « ensorcelée », fascinée, par un prêtre dont le visage est marqué par les tortures subies au temps de la Révolution. Jeanne sera retrouvée noyée, le prêtre tué… Les multiples voies narratives qui composent le récit cherchent à résoudre le mystère.

« Pendant que Jeanne surveillait toutes choses avec cet œil vigilant qui est l’attribut de la royauté domestique comme de l’autre royauté, elle entendit qu’on s’entretenait, autour de la table, du prêtre au noir capuchon qui avait presque épouvanté à la procession tous les paroissiens de Blanchelande. C’était là l’événement du jour.
 Je ne sais pas son nom de chrétien, — disait le grand valet, beau parleur aux cheveux frisés, qui mangeait une énorme galette de sarrazin beurrée de graisse d'oie, — mais Dieu me punisse si on lui ferait tort en l’appelant l’abbé de la goule fracassée !
 J’ai bien vu des coups de fusil dans ma vie, — reprenait à son tour le batteur en grange, qui avait servi sous le général Pichegru, — mais je ne peux croire que ce soient là de véritables marques de coups de fusil tirés par les hommes. Si le diable en a une fabrique dans l’arsenal de son enfer, ils doivent marquer comme cela ceux qu’ils atteignent et qu’ils ne couchent pas à tout jamais sur le carreau. Au demeurant, il a plus l’air d’un soldat que d’un prêtre, ce capuchon-là ! Je l’ai vu samedi, vers quatre heures de relevée, qui galopait dans le chemin qui est sous la Chesnaie Centsous, un chemin de perdition où verse plus d’une paire de charrettes par hiver ; il montait une pouliche qui semblait avoir le feu sous le ventre. Par le flêt du démon ! je vous affie et certifie qu’il n’y avait pas dans toute l’armée de Hollande, de l’époque où j’y étais, bien des douzaines de capitaines de dragons aussi crânement vissés que lui sur leur selle. »

Barbey d'Aurevilly, L’Ensorcelée.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1877
  • Auteur(es)
    Félix Buhot (1847-1898), graveur
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, EF-415 (D, 2)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmwf9crhc041z