Ambroise Vollard

Ambroise Vollard joua un rôle décisif dans le développement de l’estampe nabie en se lançant dans le commerce et l’édition d’estampes dès 1895. Réputé pour son flair artistique et son sens des affaires, il avait ouvert une galerie en 1893, rue Laffitte, dans le quartier des marchands de tableaux. Marchand notamment de Manet, Cézanne, Van Gogh, Pissarro, Gauguin, il tirait des revenus confortables de ce négoce, ce qui lui permit d’étendre son activité à l’édition d’œuvres imprimées et de livres commandés à des peintres contemporains.
De 1896 à 1900, Vollard édita essentiellement des estampes rassemblées dans des albums regroupant des planches de plusieurs artistes ou consacrés à un seul. Comme André Marty, il incita des peintres qui n’étaient pas des graveurs de métier, à aborder les procédés d’impression, en particulier la lithographie en couleurs, et lui permit ainsi de sortir du champ de la reproduction pour en faire un moyen de création.
Parallèlement à ces ensembles collectifs, Vollard entreprit l’édition d’albums monographiques confiés aux artistes nabis Maurice Denis (Amour), Bonnard (Quelques aspects de la vie de Paris), Vuillard (Paysages intérieurs) et Roussel (Paysages). Chacun comprenait douze lithographies en couleurs et une planche de titre dont l’impression fut également confiée à Clot. Les trois premiers furent édités en 1899, mais ne remportèrent pas le succès escompté, ce qui entraina l’abandon de l’édition de celui de Roussel. Vollard utilisa alors sa fortune pour s’engager dans l’édition de livres, ne regardant pas à la dépense et contribua à renouveler le genre du livre de bibliophilie dès son premier ouvrage, Parallèlement de Verlaine illustré par Bonnard (1900) : il fut l’initiateur du livre de peintre qui connut un grand développement au 20^e siècle.
Céline Chicha-Castex