Olympe de Gouges et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

Bibliothèque nationale de France
Olympe de Gouges, femme et citoyenne
Provinciale arrivée à Paris vers vingt ans, Marie-Olympe Gouze prend rapidement un nom de scène : Olympe de Gouges. Elle fréquente les cercles d’écrivains et d’intellectuels proches du duc d’Orléans. S’illustrant d’abord par des pièces de théâtre et des romans à la mode, dès 1785, elle publie pour le Théâtre-Français une violente dénonciation de l’esclavage. En 1788, elle réitère avec ses Réflexions sur les hommes nègres, se rangeant ainsi dans le camp des abolitionnistes au sein de la Société des Amis des Noirs. En 1786, elle dénonce le mariage forcé des filles et plaide pour l’émancipation féminine, brodant sur le thème du Mariage de Figaro. À partir de 1789, Olympe de Gouges multiplie les brochures pour réclamer d’abord l’égalité des droits entre tous les citoyens sans distinction de sexe, de couleur ou de revenu. Elle plaide aussi pour le divorce, droit accordé dès le 20 septembre 1792. Elle va même plus loin en parodiant la bienséante Déclaration des droits de l’homme, sous l’intitulé Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, texte dédicacé à Marie-Antoinette, où l’on peut lire : « La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. » Souhaitant une monarchie constitutionnelle à l’anglaise, elle milite au club des Jacobins sous la Convention et dénonce la peine de mort. Contre la Terreur, elle est arrêtée sur ordre de Robespierre et guillotinée le 3 novembre 1793.
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Olympe de Gouges
Femme de lettres et femme politique, Olympe de Gouges (1748-1793) est considérée comme une pionnière du féminisme. Très investie dans la révolution française, elle rédige en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qu'elle adresse à la reine Marie-Antoinette, en écho à celle de 1789. Elle lutte pour l'émancipation de la femme, pour la reconnaissance de sa place sociale et politique. Elle milite également pour l'abolition de l'esclavage. Proche de Condorcet, elle rejoint les Girondins en 1792. Condamnée par le Tribunal révolutionnaire, elle est guillotinée le 3 novembre 1793.
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Fille non reconnue du poète Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, Marie Gouze naît à Montauban en 1748 et est élevée dans un milieu modeste, de langue et de culture occitane. Mariée à dix-sept ans, bientôt veuve et mère d’un fils, elle s’installe à Paris au début des années 1770. Elle tient salon, fréquente les milieux littéraires et monte sa propre troupe de comédiens.
L’engagement littéraire
Sous le pseudonyme d’Olympe de Gouges, elle publie de nombreuses pièces, dont Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage (1785), qui prend parti contre l’esclavage et que le Théâtre-français refuse tout d’abord de jouer. Mis sur scène quatre ans plus tard sous le titre L’Esclavage des nègres, la pièce crée un scandale et les représentations s’arrêtent au bout de trois jours.

L'esclavage des noirs ou l'heureux naufrage
En 1785, Olympe de Gouge remit sa pièce Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage aux membres de la Comédie Française. Tout d'abord bien reçue par les comédiens, la pièce fut rapidement mise à l'écart en raison de son caractère subversif. Il fallut quatre ans et une révolution pour que la pièce fût jouée, sous le titre L'esclavage des noirs, en décembre 1789. Le soir de la générale, partisans et adversaires de l’esclavage s’affrontèrent jusque sur la scène ; après trois représentations, elle s'arrêta.
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Olympe de Gouges publie également deux romans, Mémoire de Madame de Valmont (1788) et Le Prince philosophe (1792), ainsi que des observations sur des sujets d’actualité dont Réflexions sur les hommes nègres (1788).

Olympe de Gouges, une intellectuelle engagée
Par Martine Reid
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

Frontispice des Remarques patriotiques
Féministe avant la lettre, Olympe de Gouges (1748-1793) est l’auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791), et de nombreux écrits politiques et pièces de théâtre. Humaniste, elle lutte contre l’esclavage et reste longtemps en faveur d’une monarchie constitutionnelle. Cette gravure, parue dans les premiers temps de la Révolution, la montre en train de donner son ouvrage à la reine Marie-Antoinette, debout à côté de Louis XVI.
Olympe de Gouge fait partie des féministes libérales qui demandent l’égalité des droits entre les hommes et est devenue, tardivement, l’un des emblèmes des mouvements de libération des femmes.
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Avant la Révolution, Olympe de Gouges n’a pas caché des vues ouvertement abolitionnistes et féministes. Les événements révolutionnaires lui offrent l’occasion de participer plus activement encore au débat d’idées. Pamphlétaire redoutable, elle publie à son compte un très grand nombre de brochures et « placards ». En septembre 1791, elle fait paraître la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qui rappelle que « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Proposée pour être débattue à l'Assemblée nationale, elle est alors tirée à cinq exemplaires.
Conçu en réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le texte est adressé à Marie-Antoinette à l'heure même où la Constitution est présentée à Louis XVI. Il compte dix-sept articles suivis d’une proposition pour un nouveau contrat social entre les hommes et les femmes. Olympe de Gouges y conteste le caractère universaliste de la Déclaration de 1789 et dénonce l'exclusion des femmes de la représentation nationale ; elle réclame pour elles la citoyenneté et les droits qui en découlent. « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune », affirme l’article 10.
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dans le texte
À décréter par l'Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature.Lire l'extrait
Opposante résolue à Robespierre et aux Montagnards, Olympe de Gouges est arrêtée comme Girondine, puis guillotinée le 5 novembre 1793. Quelques extraits de sa déclaration sont redécouverts et publiés en 1840, avant que Benoîte Groult ne fasse connaître le texte dans sa totalité en 1986.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, un appel pour le droits des femmes sous la Révolution
Par Martine Reid
Provenance
Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).
Lien permanent
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