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Le museum imaginé par Boullée

Entrée de la Bibliothèque Nationale
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Bibliothèque nationale de France

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Dans les années 1780, l'idée d'ouvrir un muséum royal des arts agite toute la sphère artistique française. Etienne-Louis Boullée propose un monument gigantesque, à colonnes, lumineux et ouvert.

Le Muséum

Plus qu'un programme fonctionnel précis, avec une distribution explicite, cette grandiose perspective évoque l'image emblématique d'un monument national que Boullée n'a pas directement commenté dans son Essai.

Il s'agit d'un « Muséum au centre duquel est un temple de la Renommée destiné à contenir les statues des grands hommes », daté de 1783. Cette dernière remarque rappelle que sous le règne de Louis XVI, à l'instigation du directeur des Bâtiments du roi, se multiplient les commandes aux sculpteurs de statues d'hommes illustres et aux peintres de tableaux d'histoire moderne, illustration d'une nouvelle orientation de l'art au service de l'identité nationale.

Certains auteurs ont rapproché ce projet de Boullée d'un célèbre texte de l'Anglais Alexandre Pope, The Temple of Fame [le temple de la gloire], bien connu en France par plusieurs traductions. Le projet de muséum, destiné à glorifier la mémoire de la patrie, préfigure sous l'Ancien Régime le programme politique qui, sous la Révolution, transforma l'église Sainte-Genevière de Soufflot en Panthéon des Grands Hommes de la Nation.

Un monument de la reconnaissance publique

Boullée, dans son Essai, évoque sans le nommer plus explicitement, « un monument de la reconnaissance publique  », dans un lieu « susceptible de rassembler toutes les beautés éparses de la nature, de manière à en présenter le muséum  ». Il évoque le monument situé dans un parc, sorte de jardin des plantes, pittoresque et sentimental, formant des tableaux « variés à l'infini ».

Nature et humanité sont au cœur de la symbolique exaltée par le gigantisme, la transparence et la somptuosité de l'architecture. Ouverts sur l'extérieur et vers le ciel lumineux, les promenoirs sont plus développés que les salles d'exposition, de consultation ou les magasins. On imagine ceux-ci tout autant destinés aux œuvres d'art, qu'aux sciences naturelles, à la géographie et à des « cabinets de curiosité » géants.

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L'écran de colonnes

L'imitation de la nature demeure, avec celle de l'Antiquité, la voie première de l'expérience artistique à l'époque de Boullée.

L'ordre d'architecture est un des symboles de cette recréation d'une structure libre, portante, conçue à l'image de la nature végétale dont, à l'origine des temps, avaient été extraits les poteaux et les poutres.

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Profilés, ornementés, proportionnés, colonnes et entablement se prêtent à des scénographies spatiales émouvantes que Boullée amplifie par l'échelle colossale du monument.

« Enfin, ce serait elle [l'Architecture] qui, dans ce beau séjour, manifesterait l'empire de son art, qui consiste à mettre la nature en œuvre. C'est dans ce lieu où elle ferait naître, pour ainsi dire, les enchantements à chaque pas ».

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