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Prophètes et prophétismes
Les apocalypses juives

Bibliothèque nationale de France
Début du Livre de Daniel
Cette Bible en hébreu a été réalisée dans la région de la Catalogue, au nord de l'Espagne, comme l'indique son style calligraphique : une écriture carrée séfarade. Elle ajoute au texte principal des éléments micrographiés en haut et en bas de page.
Le manuscrit a fait un long voyage en Méditerranée, puisqu'elle a été achetée au Yémen, ayant appartenu un temps à la famille Araki, des notables juifs de Sanaa.
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Un genre littéraire du judaïsme ancien

Le prophète Baruch
Fils de Néri, Baruch aurait été le scribe du prophète Jérémie. Comme Hénoch et Esdras, il est l’auteur de textes relevant du genre de l’apocalypse juive, notamment son Premier et son Deuxième Livres. Il est ici représenté dans une suite de vingt-quatre prophètes ; le livre qu’il tient à la main rappelle son œuvre.
Dans certains états plus tardifs, la figure du prophète est accompagnée d’un texte en italien : I vidi il segnio che nel oriente ci dimostro la sva gioconditate e de manifesto ciertamente quel che ci cavera di schuritate e di vergine fia si excellente condotto per pigliare humanitate et tutti quelli che saran dispersi per via al vero ben saran conversi. Cela peut se traduire par : « J’ai vu le signe qui, dans l’Orient, nous montra sa joie, et il est clairement manifeste qu’il nous tirera des ténèbres. Et d’une vierge il sera si excellent, venu pour revêtir l’humanité, et tous ceux qui seront dispersés seront convertis au véritable bien. »
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L’idée de révélation cachée était en vogue dans le judaïsme du Second Temple, surtout aux époques hellénistique et romaine (de 332 av. J.-C. à 70 ap. J.-C.). À cette période, de nombreux textes ont été composés ou réécrits en les faisant remonter à des grandes figures du passé : c’est le cas des Testaments de Lévi ou d’Abraham ou du livre des Jubilés, une nouvelle écriture du début de la Torah présentée sous la forme d’une révélation divine à Moïse. Plus largement, la notion de révélation cachée s’inscrit dans une tradition ancienne au Proche-Orient, celle d’un type de connaissance acquise par divination.

Salle d'assemblée de la synagogue de Doura Europos
Découverte en 1920 sur le site syrien de Doura Europos, cette synagogue d'époque romaine comporte une salle d'assemblée au décor étonnant : ving-six panneaux racontant des épisodes bibliques, non sans lien avec les craintes apocalyptiques qui traversent les communautés juives dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Ces fresques uniques au monde remettent en cause l'idée selon laquelle l'art juif est entièrement aniconique, toute représentation « de ce qui est dans les cieux, sur la terre ou dans l'eau sous la terre » étant interdite dans la Torah selon les livres de l'Exode (20:4) et du Deutéronome (5:8). Au centre du mur principal, une niche était destinée à abriter les rouleaux de la Torah.
© Philippe Maillard / akg-images
© Philippe Maillard / akg-images

Représentation du temple de Salomon
Découverte en 1920 sur le site syrien de Doura Europos, cette synagogue d'époque romaine comporte une salle d'assemblée au décor étonnant : ving-six panneaux racontant des épisodes bibliques, non sans lien avec les craintes apocalyptiques qui traversent les communautés juives dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Ces fresques uniques au monde remettent en cause l'idée selon laquelle l'art juif est entièrement aniconique, toute représentation « de ce qui est dans les cieux, sur la terre ou dans l'eau sous la terre » étant interdite dans la Torah selon les livres de l'Exode (20:4) et du Deutéronome (5:8).
Plusieurs panneaux représentent le temple de Jérusalem, qui aurait été construit par Salomon, détruit par les armées babyloniennes en 586 av. J.-C., puis reconstruit et agrandi avant de subir une nouvelle destruction en 70 ap. J.-C. par les armées romaines. L'image est plus symboique qu'authentique : le temple prend ici l'aspect d'un édifice romain entouré de colonnes à frontons triangulaires. Des successions de murailles sont figurées par des rangées de créneaux et ouvertes par trois portes monumentales décorées de figures.
© akg-images / Bible Land Pictures / Jerusalem Z.Radovan
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En réaction à une utilisation trop large du terme, les spécialistes ont cherché à mieux définir les caractéristiques du genre « apocalyptique » : selon John J. Collins notamment, les apocalypses mettent en scène, sous la forme d’un récit, une révélation cachée (ésotérique), reçue par une personne du passé par l’intermédiaire d’une figure surnaturelle (céleste) ; cette révélation porte notamment sur le sens caché de l’histoire (dimension temporelle), mais aussi des domaines inconnus du cosmos (dimension spatiale)1.
En ce sens, les plus anciennes apocalypses juives, d’époque hellénistique, sont les Livres d’Hénoch et de Daniel, suivies notamment à l’époque romaine par l’Apocalypse d’Abraham, le Livre des secrets d’Hénoch (ou 2 Hénoch), l’Apocalypse d’Esdras (ou 4 Esdras) et l’Apocalypse de Baruch (ou 2 Baruch).
Les apocalypses et la connaissance du cosmos
Si le terme « apocalypse » évoque aujourd’hui la fin du monde, les révélations des apocalypses juives portent sur des domaines qui dépassent largement la question du sens de l’histoire.
Deux des plus anciennes compositions apocalyptiques ont été rassemblées dans le Livre d’Hénoch : le Livre des Veilleurs et le Traité d’Astronomie. Datant au plus tard du 3e siècle avant notre ère, ils s’attachent à décrire des lieux secrets du cosmos et son fonctionnement caché.
J’y ai vu sept astres pareils à de grandes montagnes embrasées. J’ai questionné à ce sujet l’ange, et il m’a répondu : « C’est ici que prennent fin le ciel et la terre ; cet endroit est devenu une prison pour les astres et les puissances célestes ».

Livre d’Hénoch, dit Hénoch éthiopien
Le Livre d’Hénoch est un texte apocryphe : attribué au patriarche Hénoch, arrière-grand-père de Noé, il n’appartient cependant pas au canon de la Bible hébraïque. Il est souvent appelé Hénoch éthiopien car il nous est parvenu dans sa forme complète en guèze, une langue liturgique utilisée par l’Église d’Éthiopie. On en connaît néanmoins des fragments en araméen dans les manuscrits de la Mer morte et des traductions fragmentaire anciennes en grec et en latin.
Robert Henry Charles distingue deux familles parmi les manuscrits du Livre d’Hénoch conservés en langue guèze ; celui-ci appartiendrait à celle qui se rapproche le plus du texte originel.
Ce manuscrit provient du fonds légué par Antoine d’Abbadie, géographe et linguiste qui séjourna en Éthiopie entre 1837 et 1849.
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L’intérêt pour la connaissance du monde s’inscrit notamment dans la continuité des traditions plus anciennes de sagesse, qui s’attachent à décrire le bon ordre du monde, le fonctionnement de la société, et la manière adéquate de s’y rapporter, comme dans le Livre des Proverbes. Toutefois, dans la littérature apocalyptique, l’ordre du monde apparaît comme étant perturbé, notamment par l’injustice et l’impiété. Le véritable fonctionnement du cosmos est dès lors occulté, nécessitant des révélations et des explications particulières pour être compris.
Les apocalypses et le sens caché de l’histoire

Les quatre bêtes de la vision de Daniel
Dans son livre, le prophète Daniel décrit ses visions. Dans l’une d’elle apparaissent quatre bêtes qui sortent de la mer : « La première était comme un lion, mais elle avait des ailes d'aigle. [...] La deuxième bête, semblable à un ours, était à demi levée et tenait trois côtes dans sa gueule, entre ses dents. [... La troisième] bête avait quatre ailes d'oiseau sur le dos, ainsi que quatre têtes, et la domination lui fut donnée. [...] La quatrième bête que je vis était effrayante, terrifiante, d'une puissance extraordinaire ; elle avait d'énormes dents de fer pour manger et déchiqueter ses victimes, et elle piétinait ce qu'elle ne mangeait pas. Elle était absolument différente de toutes les bêtes précédentes, et elle avait dix cornes. » Ces bêtes correspondent quatre royaumes, qui ont parfois été identifiés à l’empire de Babylone, et aux royaumes des Mèdes, des Perses et d’Alexandre.
Largement représenté sur des monuments mésopotamiens dès le 3e millénaire avant notre ère, le griffon paraît symboliser la Perse aux yeux des Hébreux. Ainsi, parmi les quatre bêtes qui sortent de la mer dans la vison apocalyptique du prophète Daniel, la première, celle qui correspond à l’empire de Babylone, est décrite « pareille à un lion avec des ailes d’aigle ».
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Plus caractéristique du genre apocalyptique est l’importance des conceptions dites « eschatologiques », portant sur la fin du monde et son renouvellement, par la transformation ou par une nouvelle création. Celles-ci incluent en général l’idée d’un jugement dernier de la terre, lorsque Dieu punira les impies (y compris, dans Hénoch, les anges déchus appelés « Veilleurs ») et rétablira les justes, qui bénéficieront d’une forme de vie après la mort.
La terre que les anges ont souillée sera assainie. Annonce la guérison de la terre : on guérira sa plaie, et tous les humains ne périront pas à cause de tout le mystère meurtrier que les Veilleurs ont enseigné à leurs fils. La terre entière a été dévastée par les œuvres apprises d’Azaël : impute à celui-ci tous les péchés.
En cela, les apocalypses se situent dans la continuité des traditions prophétiques plus anciennes, qui s’intéressent tout particulièrement à l’histoire d’Israël et son devenir, présentant déjà l’idée d’un jugement de la terre et d’un renouvellement du monde.
En effet, voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle ; ainsi le passé ne sera plus rappelé, il ne remontera plus jusqu’au secret du cœur.
Certaines révélations apocalyptiques se présentent d’ailleurs comme l’explicitation de prophéties plus anciennes : par exemple, on lit dans le livre de Jérémie une prophétie qui prédit une intervention divine au bout de soixante-dix années de domination babylonienne, que le Livre de Daniel explique comme renvoyant plutôt à soixante-dix semaines d’années (donc 490 ans !).
Il a été fixé soixante-dix septénaires sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser la perversité et mettre un terme au péché, pour absoudre la faute et amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophète et pour oindre un Saint des Saints.
Toutefois, les apocalypses radicalisent le discours eschatologique et le développent notamment avec l’idée d’une vie après la mort ainsi que la conception d’un sens caché de l’histoire. Contrairement aux Prophètes qui appellent à la repentance d’Israël dans le but d’améliorer sa destinée, les apocalypses présentent une vision déterministe de l’Histoire, dans laquelle les différents bouleversements du monde, et notamment la succession des grands empires, sont déjà définis à l’avance.
Je suis venu te faire comprendre ce qui arrivera à ton peuple dans l’avenir, car il y a encore une vision pour ces jours-là.
Dans les plus anciennes apocalypses (Livres d’Hénoch et de Daniel), ce déterminisme a aussi une dimension dualiste, dans la mesure où les évènements sur terre dépendent des évènements qui se déroulent dans la sphère céleste, où les anges de Dieu affrontent des puissances hostiles. Dans tous les cas, les bouleversements ne peuvent se comprendre qu’à la lumière d’une révélation céleste sur le grand plan divin qui, malgré les apparences, est en train de s’accomplir.
Un contexte politique troublé
L’importance de la question du sens caché de l’histoire dans les premières apocalypses juives s’éclaire à la lumière de leur contexte historique. Après deux siècles de relative stabilité politique sous l’Empire perse (539–331), l’effondrement de ce dernier lors de la conquête d’Alexandre le Grand ainsi que les nombreuses guerres qui ont suivi la mort du conquérant ont chamboulé l’ordre politique au Proche-Orient, faisant accroitre les formes d’oppressions politico-militaires et d’exploitations socio-économique.
Dans ce contexte les différents peuples se sont tournés vers leurs propres traditions ancestrales, en particulier les traditions divinatoires, pour tenter de comprendre les bouleversements de leurs temps. Des textes comparables à la littérature apocalyptique juive ont ainsi été rédigés en Égypte (la Chronique Démotique, l’Oracle du Potier ou l’Oracle de l’Agneau), en Mésopotamie (la Prophétie dynastique ou la Prophétie d’Uruk) ou en Perse (le Bahman Yasht ou l’Oracle d’Hystaspes).

Chronique démotique
La Chronique démotique fait partie des nombreux textes à caractère prophétique ou oraculaires rédigés dans les derniers siècles du 1er millénaire av. J.-C. dans les différentes civilisations du Moyen-Orient. En Égypte, l’Oracle du potier, l’Oracle de l’agneau ou le Songe de Nectanebo appartiennent au même ensemble d’œuvres dont le style archaïque évoque les jours glorieux du Moyen Empire (vers 2065-vers 1781 av. J.-C.). Le texte semble condamner la domination étrangère en Égypte, notamment celle des Perses menés par Cambyses, Xerxes et Ataxexes III.
Ce papyrus est un palimpseste : le texte en démotique se surimpose à un texte plus ancien rédigé en alphabet grec. Au recto se trouve une compilation de plusieurs textes littéraires et législatifs.
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De façon similaire aux apocalypses juives, ces textes emploient des images pour évoquer l’idée de succession de pouvoirs plus ou moins oppressifs : par exemple l’évocation de différents métaux (l’or, l’argent, le bronze, le fer) présente dans le Livre de Daniel trouve des correspondances notables dans le Bahman Yasht. Les différents maux sur terre qui en résulteront déboucheront ultimement sur l’avènement d’une nouvelle ère de stabilité et de prospérité, parfois sous l’égide d’une nouvelle figure royale.

Mort d’Eléazar-Machabée
« Ils marchèrent par l’Idumée, et vinrent assiéger Bethsura. Ils l’attaquèrent durant plusieurs jours, et ils firent pour cela des machines. Mais les assiégés, étant sortis, les brulèrent et combattirent vaillamment.
Judas s’éloigna de la citadelle, marcha avec son armée vers Bethzachara, vis-à-vis du camp du roi.
Et le roi s’étant levé avant le jour, fit marcher impétueusement toutes ses troupes sur le chemin de Bethzachara. Les armées se préparèrent au combat, et les trompettes sonnèrent.
Ils montrèrent aux éléphants du jus de raisin et de mûres, afin de les animer au combat.
Ils partagèrent ces animaux par légions ; mille hommes armés de cottes de mailles et de casques d’airain accompagnaient chaque éléphant, et cinq cents cavaliers d’élite avaient ordre de se tenir près de chaque bête.
Ils étaient à l’avance aux lieux où étaient les éléphants, ils allaient partout où chaque éléphant allait, et ils ne s’en éloignaient jamais.
Il y avait aussi sur chacun de ces animaux une forte tour de bois destinée à le mettre à couvert, et des machines dessus ; et, dans chaque tour, trente-deux des plus vaillants hommes combattaient d’en haut, et un Indien conduisait l’animal.
Il plaça le reste de la cavalerie sur les deux ailes, pour exciter son armée par le son des trompettes, et pour animer son infanterie rangée en bataillons serrés.
Lorsque le soleil eut frappé de ses rayons les boucliers d’or et d’airain, l’éclat en rejaillit sur les montagnes, qui brillèrent comme des lampes ardentes.
Une partie de l’armée du roi allait par les hautes montagnes, et l’autre s’avançait dans la plaine ; ils marchaient avec précaution et en ordre.
Tous les habitants du pays étaient épouvantés des cris de cette multitude, du bruit de la marche et du fracas des armes, car cette armée était très-grande et très-forte.
Et Judas s’avança avec son armée pour engager le combat, et six cents hommes de l’armée du roi tombèrent.
Alors Eléazar, fils de Saura, voyant un des éléphants cuirassé et couvert des armes du roi, et plus grand que les autres, crut que le roi était monté dessus,
Et il se sacrifia pour délivrer son peuple et s’acquérir un nom immortel ;
Car il courut hardiment au milieu de la légion, tuant à droite et à gauche, et faisant tomber tout ce qui se présentait à lui,
Et il vint jusqu’aux pieds de l’éléphant, se plaça sous l’animal, et le tua ; en tombant par terre, l’éléphant écrasa Eléazar, qui mourut sous lui. »
Maccabées (6, 31-46)
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En Judée, le 2e siècle avant notre ère débuta avec l’installation du pouvoir séleucide qui chassa celui des Ptolémées, et se poursuivit par la révolte locale des Maccabées (167-141) qui conduisit à l’instauration du nouveau pouvoir juif hasmonéen. Ce contexte a fortement marqué les plus anciennes apocalypses, qui font clairement allusion aux évènements de la première moitié de ce siècle. Après cela, le contexte des révoltes juives contre l’Empire romain, tout particulièrement après la destruction du Temple de Jérusalem par les romains en 70, a représenté une nouvelle impulsion provoquant la composition de nouvelles apocalypses. Celles d’Esdras et de Baruch réfléchissent tout particulièrement au problème de la disparition du temple.

Les reliques du Temple de Jérusalem portées en triomphe par la troupe romaine
Si le siège de Jérusalem par les troupes romaines, qui culmine en 70 par l’incendie du Temple, a été vécue de manière dramatique par les populations juives, il est célébré comme une grande victoire par le pouvoir impérial. En 71, Titus triomphe à Rome et dix ans plus tard, un arc de triomphe est érigé par Domitien en son honneur. On y voir les spolia du temple, notamment un grand chandelier à sept branches porté en triomphe. C'est cette image qui est ici reproduite dans un recueil de gravures du 17e siècle.
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Juifs contemplant l’incendie du temple de Jérusalem
La destruction du temple de Jérusalem par Titus en 70 est restée dans la mémoire collective comme un événement dramatique. Construit sur le mont du Temple, à l’emplacement du premier temple de Salomon, l’édifice constituait le lieu le plus saint du judaïsme. Le 28 août 70, il est incendié par les troupes de Titus venue mater les révoltes juives récurrentes depuis 63.
L’événement est relaté dans le Speculum historiale, ouvrage d’histoire universelle composé par le moine cistercien Vincent de Beauvais. L’ouvrage a été traduit par Jean de Vignay à la demande de la reine Jeanne de Bourgogne vers 1332-1333. Cet exemplaire a appartenu à Jean II le Bon, alors duc de Guyenne et de Normandie, puis aux rois Charles V et Charles VI.
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Les apocalypses juives apparaissent donc comme une littérature érudite de résistance, répondant tout particulièrement aux grandes questions du sens de l’histoire et de la justice divine (« théodicée »). Au croisement de différentes traditions locales (sagesse, prophétie) et étrangères (proche-orientales et grecques), elles réagissent aux changements sociopolitiques des époques hellénistique et romaine, en spéculant sur la destinée et le fonctionnement cachés du monde, dans le but d’encourager le fidèle à continuer de croire en la justice divine malgré les désordres du monde.
Provenance
Cet article a été rédigé dans le cadre de l'exposition Apocalypse, hier et demain présentée à la BnF du 4 février au 8 juin 2025.
Lien permanent
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